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mardi 10 mai 2011

Madagascar


Madagascar !!!Ha ! Madagascar !! J’ai tout d’abord eu le choc de ma vie. Nous avons débarqué à l’aéroport de Majunga où nous avons subi une fouille sérieuse de tous nos bagages. A croire que les terroristes sont partout ! Nous sommes passés comme des anges et avons rejoint notre chauffeur. Nous avons grimpé dans une voiture (enfin ce qu’il en reste, car les voitures là-bas sont toutes dignes d’aller à la casse) et nous avons rejoint notre hôtel. Nous avions réservé une jolie chambre avec climatiseur au premier étage. En bas dans la cour une jolie piscine nous attendait, mais Régis n’a jamais voulu s’y tremper ne serait-ce que les doigts de pieds, arguant du fait que l’endroit n’était pas assez intime pour lui. Nous avons donc opté pour les ballades en ville et nous avons découvert une cité extraordinaire, grouillante de femmes, d’enfants, d’hommes et de pousse-pousse. Nous nous sommes déplacés en utilisant ce mode de transport. Là-bas, les gens sont très pauvres et pour subsister c’est le système « D ». Tous les petits boulots sont bons à prendre. Les plus riches vivent avec 40 euros par mois : je ne vous parle pas des plus démunis !! C’est l’horreur pour eux !
Nous avons découvert une ville d’un autre âge, sans macadam, des routes en terre battue sauf les deux ou trois artères principales et un port sorti du 18ème siècle. Là, de vieux gréements flanqués de voiles maculées par le temps, se balançent mollement dans ce petit port. Les vaguelettes léchent leurs flancs de bois peints de couleurs toutes plus flamboyantes les unes que les autres. Des marins hardis grimpent aux mâts et d’une seule main repeignent les vergues, les misaines et autres attributs des navires. Des gaillards costauds, à la peau luisante de sueur attrapent à deux mains des sacs de marchandises et s’engouffrent vivement dans les cales étouffantes des bateaux.
Nous sommes restés plusieurs heures à admirer l’allure de ces voiliers sortis du temps imaginant des histoires de corsaires, des voyages extraordinaires. Nous avons erré dans les ruelles poussiéreuses, admiré les merveilleuses bâtisses coloniales, toutes dans un état de délabrement inimaginable. Une grande nostalgie plane au-dessus de ces demeures habitées encore par l’âme des colons. Les autochtones n’ont rien changé depuis le départ de la France, une forme de pudeur s’est abattue sur cette page d’histoire, un voile feutré enveloppe ces maisons et les font ressembler à des vaisseaux fantômes.
Les Malgaches sont très accueillants et sont prêts à tout pour vous rendre service : il n’y a pas d'assurance chômage, pas de caisse retraite, pas de sécu, peu de médecins, peu de moyens thérapeutiques, peu de médicaments, peu de fournitures scolaires, peu d’écoles qui tiennent debout ! Mais malgré tout cela il règne une certaine joie de vivre, les gosses courent partout, vous interpellent, criaillent, piaillent, ignorant l’avenir sombre qui les attend. Nous avons découvert des rues extrêmement commerçantes où chacun essaie de son mieux de se sortir de ce bourbier où est plongé l’économie de ce pays. Les grands hôtels font la gueule, les grandes enseignes se font rares, seules une grande banque affiche d’une façon obscène son immeuble de plusieurs étages gardé par des tours crènelées et blanches ! Si blanches ! Même cette couleur devient obscène ! Ne dit-on pas que le blanc est symbole de pureté ? Où est l'erreur?
A Majunga, l'instinct de vie est tellement puissant que pour subsister, beaucoup de jeunes filles et de garçons n’hésitent pas à se prostituer et c’est le défilé permanent de vieux bonhommes gros, bedonnants, la fesse flasque et dopés au viagra qui déferlent sur l’île. Ils sont reconnaissables à leurs regards fuyants, leur rire forcé. Leurs efforts démesurés pour paraître plus jeune en compagnie d’une fillette de 15 ou 16 ans les rendent pathétiques. La prostitution des jeunes enfants est interdite à Madagascar, mais il y a si peu de contrôles ! Nous assistons impuissants à cette mascarade infernale ! J’ai envie de vomir rien qu’en me remémorant ces couples fugitifs, les mains ridées serrant les menottes de ces toutes jeunes filles, ces vieux faisant leur dernière parade amoureuse, volant impunément la jeunesse de ces enfants, leur faisant au passage un descendant qu’ils ne reconnaîtront jamais, se vautrant sur leur peau de bébé et oubliant qu’ils ont une fille de cet âge-là qui les attend à la maison. Si je vous parle de ce problème, c’est qu’il est un des aspects terrifiants de la vie à Madagascar, le résultat d'une économie à bout de souffle qui ne donnent d'autre choix à ses jeunes que la prostitution. Voilà ! Que dire de plus!
Nous ne pouvons rester insensibles à toute cette pauvreté, à cette grande braderie des corps et des âmes! Nous ne pouvons continuer de consommer autant alors que dans le monde il y a tant de gens qui se nourrissent d'un bol de riz par jour. Nous ne pouvons nous étonner de voir ces milliers de gens franchirent les océans au risque et péril de leur vie pour chercher chez nous un avenir meilleur et faire comme si de rien n'était. C’est comme si nous étions sur un immense navire et qu’autour de nous, sur une mer déchaînée des milliers de gens essayaient de grimper sur nos échelles de secours, s’agglutinant en grappes grouillantes, tentant vainement de prendre pied sur le pont déjà submergé de rescapés et que nous les rejetions à la mer sans état d'âme. . Devant tant de fragilité et de désarroi, la solidarité internationale doit jouer son rôle plein et entier : ne laissons pas ces peuples englués dans l'ornière de la crise mondiale.
La récession frappe encore plus brutalement les plus faibles et l’on assiste impuissants à la débâcle économique, nos yeux sont grand ouverts sur un spectacle dont nous sommes les spectateurs impuissants et dont nous pressentons la fin tragique. Serons nous les prochains pauvres de cette planète? Aurons-nous, nous aussi le devoir impérieux de nous expatrier pour survivre? Serons nous rejetés nous aussi à la mer? Serons-nous les derniers survivants du radeau de la méduse et serons-nous, comme les survivants du radeau, hantés à jamais par le souvenir de nos compagnons que nous aurons dévorés pour rester en vie?
Nous assistons de jour en jour à l'abaissement de notre pouvoir d'achat et le spectacle de ces pauvres gens nous fait peur et nous ramènent à nos propres angoisses, ils sont comme un miroir qui nous renvoient à notre impuissance à régler les problèmes essentiels et nous ne le supportons pas. Comme lorsque nous croisons un mendiant dans la rue, nous détournons la tête pour ne pas voir ce que nous pourrions devenir, cette seule image devient insupportable et nous pressons le pas pour retrouver vite notre petit confort et nos repères éphémères.
Pourquoi ne pas arrêter la machine, prendre le temps de réfléchir à notre devenir, poser les pierres d'un nouveau mode de vie, réfléchir à une meilleure gestion de notre terre. Lorsque notre corps va mal nous consultons le médecin et nous optons pour une hygiène de vie meilleure, ne pouvons nous pas en faire autant pour notre planète? Y a t il quelqu'un qui prendra en compte notre désir de changement? Y a t il une seule personne capable de bouleverser toutes les données? Dieu, peut être?

Peace and Love!
Vigilance
Marie


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